Bonheur (n. masculin) : état durable de plénitude, de satisfaction ou de sérénité, état agréable et équilibré de l'esprit et du corps, d'où la souffrance, le stress, l'inquiétude et le trouble sont absents.

Le bonheur… bullshit, ça n’existe pas. En tout cas, pas dans mon cas.
~~~~~~~~~~~~Je cours le plus vite possible vers son bureau, j’ai enfin la réponse. Je sais enfin ce qui s’est passé ce jour-là. Je le sais parce que je l’ai vu, je l’ai rêvé. Tout est devenu si clair à présent, j’ai enfin retrouvé espoir. J'ai enfin la possibilité de me reconstruire, tout n’était pas perdu. À peine m’étais-je levé ce matin que je suis directement parti chez mon psy. Je ne ressemble à rien et ma tenue laisse à désirer. Mon visage et mes cheveux montrent clairement que je viens de me réveiller, mais je m’en fous royalement. Je sais enfin ce qui s’était passé ce jour-là, c’est l’essentiel. La secrétaire me voit débouler dans le couloir et me dit que je ne peux pas entrer dans la pièce pour le moment mais je ne fais même pas attention à elle. Je continue mon chemin jusqu’à la porte d’entrée que j’ouvris sans même toquer. Monsieur, j’ai enfin retrouvé la mémoire ! m’écrie-je, tout content. Visiblement, je suis en train d’interrompre un entretien avec un autre de ses patients. J'ai compris la gravité de mon acte après avoir croisé le regard de mon psychologue. Désolé de vous interrompre, serait-ce possible de m’entretenir après avec vous s’il vous plaît ? C’est important. Mon psychologue reste muet pendant quelques secondes. Apparemment, celui-ci ne semble pas content que je sois intervenu en plein milieu d’une séance, ce que je peux comprendre mais cette fois, c’est très important. Après l’avoir supplié du regard et après qu’il ait longuement observé ma tenue, il accepta que je le vois après sa dernière séance.

« De quoi vous souvenez-vous ? » De tout. J'avais fini le boulot et j'étais en retard à mon rendez-vous avec ma fiancée. J'étais en train de lui envoyer un message pour lui dire que j'allais bientôt arriver. Je ne regardais pas où j'allais, j'étais tellement concentré sur le message et je repensais à la journée que je venais de passer. Ensuite, j'ai entendu un énorme bruit. C'est là que j'ai vu la voiture me foncer dessus. Et ce n'est pas tout, je me souviens de ma vie d'avant.

Un long silence s'installa après ce que je venais de dire. Cela faisait plus de six mois à présent que j'avais eu cet accident, plus de six mois que je ne me souvenais plus de rien. Cet accident avait foutu ma vie en l'air, j'avais fini par plaquer ma fiancée et je me suis replié sur moi-même. À présent, je me souvenais de tout, bien que maintenant, j'aurais de nouveau bien voulu perdre la mémoire.

« Donc, vous avez retrouvé la mémoire.. Parlez-moi de ce dont vous vous souvenez. Je ne viens pas de Jacksonville, je suis venu vivre ici quand j'avais 24 ans. Je suis parti peu de temps après la fin de mes études. Eliott Anderson n'est pas mon vrai nom. Je m'appelle en réalité Calvin Newman, je suis l'arrière-petit-fils de Victor Newman. J'ai vécu à Genoa City avant mon départ à Jacksonville. Ma famille a toujours eu beaucoup d'argent. Je me suis toujours senti différent des autres Newman. Ils avaient tous l'air sûr d'eux et fiers du nom qu'ils portaient. Moi, je n'avais qu'une seule envie : quitter ce monde de luxe et de mépris. Mépris, en effet. Il suffit de voir ma famille. Mon père a toujours éprouvé le besoin d'être le meilleur, il s'est toujours senti en compétition avec ses frères et sœurs. Cela se voyait surtout au travail où il était prêt à tout pour montrer qu'il était bien plus compétent que les autres. Dans la famille Newman, cela arrive très souvent que l'on se fait des sales coups et quand je vois mon père, je comprends pourquoi il y a autant de conflits. Être un Newman m'a toujours mis la pression, car mon père voulait absolument que je devienne comme lui. Étant donné le comportement qu'avait celui-ci envers les autres membres de la famille, je ne peux pas dire que j'ai vraiment été très proche de mes oncles et de mes tantes. Quant à mes cousins, on avait pas la même vision des choses. Je ne voulais pas être un Newman, et ça, personne n'arrivait à le comprendre.

J'ai toujours été quelqu'un de discret. À l'école, je ne restais pas avec beaucoup de personnes. Je faisais trop facilement confiance aux gens et ce n'est qu'après que j'ai compris que les personnes qui comptaient beaucoup à mes yeux traînaient avec moi pour mon nom et mon argent. Depuis ce jour, j'ai pris l'habitude de rester seul. Heureusement, j'avais ma petite sœur auprès de moi. J'ai deux sœurs, je suis leur frère aîné. Ma sœur cadette est comme les membres de ma famille et en vérité, je ne peux pas la supporter. Par contre, pour ce qui est de la benjamine, je ne peux pas vivre sans elle. Je l'ai toujours trouvé différente des autres. Bien qu'elle s'entend très bien avec le reste des Newman, elle ne me reproche pas de ne pas suivre notre père. En dehors des moments passés avec elle, j'ai passé mon enfance et mon adolescence à être quelqu'un que je n'étais pas vraiment. De ce fait, je n'ai jamais vraiment gardé un bon souvenir de ma vie passée à Genoa City.

À l'heure actuelle, ma famille me croit peut-être mort. Je suis parti sans donner de nouvelles et j'ai changé de nom pour que personne ne retrouve ma trace. Je suis parti à cause de ma famille. Mon père voulait à tout pris que je rejoigne l'entreprise familiale, ce que je ne voulais pas. Je ne voulais pas faire partie de leurs magouilles. Quand j'ai annoncé à mon père que je ne voulais pas travailler à Newman Entreprises, il a tout essayé pour me faire changer d'avis, quitte à me faire du chantage. Il a réussi à me séparer de ma fiancée, à me couper les vivres et à monter ma mère contre moi. Ma mère n'est pas comme la famille de mon père. Contrairement à mon père qui est né avec une cuillère en argent, ma mère vient d'un milieu modeste. Pour cette raison, elle n'a pas toujours approuvé les actes et les attitudes de la famille de mon père. Avec mon père, mon avenir était déjà tout tracé. Il avait déjà décidé ce que j'allais faire de ma vie sans même me demander mon avis. Avec ma mère, c'était différent. Elle me laissait plus de liberté et elle me laissait devenir la personne que je voulais vraiment être. Elle se fichait de mon nom, elle voulait mon bonheur tout simplement. Alors quand mon père a réussi à la monter contre moi après que je lui ai dit que je ne voulais pas rejoindre Newman Entreprises, je me suis dit qu'il n'y avait plus d'espoir. J'étais forcé de suivre le plan de mon père, même si je ne le voulais pas.

À Jacksonville, j'ai enfin pu être moi-même. Cependant, cela n'a pas été facile. Il m'a fallu un petit temps pour que je puisse retrouver une vie stable. Je suis passé de super riche à super fauché. J'avais fait des études de droit à l'université car mon père m'y obligé, mais j'ai refusé d'exercer ce métier à Jacksonville, pour la bonne et simple raison que cela ne me ressemblait pas du tout. J'ai fini par travailler dans un hôtel. J'avais la vie dont je rêvais, j'étais heureux, j'étais amoureux, j'avais ma propre maison et j'avais réussi professionnellement (selon moi), mais maintenant, je sais que quelque chose me manque: ma mère et ma soeur. C'est pour ça que j'ai pris cette décision. « De quelle décision parlez-vous ? » Je vais revenir à Genoa.